La lumière dans la liturgie

DCF 1.0Par Dominique Lacroix

Jésus nous dit : « Je suis la lumière du monde »(Jean 9,5). Il éclaire tout homme et dévoile le sens de toute chose.

La veillée pascale

C’est la célébration où le passage de la nuit à la lumière est le plus marqué. Elle commence avec la bénédiction du feu nouveau ; ce grand feu à l’extérieur de l’église nous rappelle que la présence de Dieu nous éclaire et nous réchauffe.

Le cierge pascal

A cette flamme on allume le cierge pascal : c’est le Christ ressuscité qui brille pour toute l’assemblée. Alors on acclame le Christ : « Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père, saint et bien-heureux Jésus-Christ ». Nous nous transmettons la lumière du Christ et marchons derrière le cierge pascal en procession dans l’église qui reste dans l’obscurité. Maintenant des centaines de bougies brillent dans la nuit.

Pendant tout le temps pascal, ce grand cierge est allumé près de l’autel. Il est le symbole du Christ Ressuscité. C’est pourquoi on le rallume aussi à chaque baptême ; c’est à partir de sa flamme que le prêtre donne un cierge au parrain en disant que cette lumière doit accompagner l’enfant toute sa vie.

On retrouve aussi le cierge pascal aux inhumations parce que le Christ accompagne la vie des hommes du début à leur fin.

Les cierges dans l’eucharistie

Quand nous célébrons l’eucharistie, la procession est normalement constituée de deux porte-flambeaux. Cette lumière accompagne la croix du Christ.

Puis nous la trouvons sur (ou à côté de ) l’autel, deux ou plusieurs cierges allumés. Ils nous rappellent tout le mystère du Christ présent réellement au milieu de nous.

Les deux cierges apportés auprès de l’ambon lors de la proclamation de l’évangile signifient que le Christ est présent quand l’évangile est annoncé dans l’assemblée. Il est lumière pour la route.

  • En procession, le servant d’autel veille à ce que l’on voit le cierge et non pas sa main.
  • A l’ambon, le servant d(autel ne doit pas te mettre en avant ; il se tourne vers l’ambon, ou face à l’autre porte-flambeau. Il porte assez haut son cierge pendant la proclamation de l’Évangile.

Tout ce qui est fait dans la liturgie a toujours un sens et que la beauté de notre geste exprime ce sens. Plus le geste du servant d’autel sera beau, moins on aura besoin de l’expliquer. Il parlera au plus profond de son cœur, et lui permettra rencontrer Dieu.

Des références anthropologiques

La lumière et l’obscurité, le jour et la nuit rythment notre vie.

La lumière rend toute chose visible. C’est pourquoi très tôt elle a symbolisé la présence de Dieu. On la trouve déjà présente dans la liturgie juive du repas du sabbat.

Un symbole biblique

La lumière est l’une des réalités que l’homme de la Bible connaît le mieux. Elle l’éveille chaque matin à une vie nouvelle qui resurgit afin de quitter le royaume de la mort de la nuit. La lumière est associée à la pensée de Dieu, à la vie, au salut : pas de vie sans eau, mais aussi, pas de vie sans lumière. C’est ce que nous apprend le récit de la création dans la Genèse où le premier acte de Dieu consiste à séparer la lumière des ténèbres : « Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière « jour », il appela les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour. » (Genèse 1, 3 – 5). La séparation de la lumière et des ténèbres laisse supposer que l’obscurité et la lumière étaient à l’origine confondues.

La lumière est liée à l’image de la vie et donc de Dieu. Déjà dans la première Alliance, Dieu lui-même est Lumière pour son peuple : par exemple, pour la sortie d’Égypte : « Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : colonne de nuée le jour pour leur ouvrir la route, colonne de feu la nuit pour les éclairer » (Exode 13, 21). La loi est considérée comme une lumière éclairant la route de l’homme « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Psaume 118, 105).

Dans l’évangile, Jésus se présente lui-même clairement : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. il aura la lumière de la vie » (Jean 8,12). Les chrétiens, appelés des ténèbres à la lumière, deviennent eux-mêmes « Lumière du monde » et eux qui sont « des enfants de Dieu sans tache » doivent « briller come les astres dans l’univers ». (Philippiens 2, 15).

Des signes dans la liturgie

La PGMR (Présentation Générale du Missel Romain) prévoit que des cierges sont allumés sur l’autel ou à proximité pour toute célébration de l’eucharistie. Ce doit être une flamme vive comme symbole du Christ vivant. En conséquence le Rituel de l’eucharistie en dehors de la messe précise :

« Dans l’exposition du Saint-Sacrement faite avec l’ostensoir, on allume autant de cierges que pour la Messe » (n° 85).

La PGMR signale aussi la lumière parmi les éléments présents dans la procession d’entrée par exemple.

Le cierge pascal, bénit dans la nuit de Pâques, est rallumé pour chaque baptême. Un cierge allumé au cierge pascal est remis au parrain. Une parole du célébrant accompagne ce geste : « C’est à vous, parents, parrains et marraines, que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir : que ces enfants illuminés par le Christ, avancent dans la vie en enfants de lumière et demeurent fidèles à la foi de leur baptême. Ainsi, quand le Seigneur viendra, ils pourront aller à sa rencontre dans son Royaume, avec tous les saints du ciel » (Rituel du baptême des petits enfants n° 103).

Le même cierge pascal est allumé par les liturgies de funérailles. C’est un véritable symbole d’espérance en Christ ressuscité. Le prêtre ou un proche du défunt prend cette flamme pour allumer les cierges près du cercueil. le prêtre dit alors :

« Nous rallumons cette flamme près de N…, notre frère. Cette flamme qui vient de toi, Seigneur, lumière dans notre obscurité, qu’elle éclaire ce pas que nous avons à faire pour repartir dans l’espérance ». (Rituel des funérailles n° 55)

N’oublions pas que nous trouvons aussi la lumière comme signal de la présence eucharistique près du tabernacle.

Homélie du cardinal Joseph Ratzinger au nom du Saint Père Jean-Paul II

Samedi saint, 26 mars 2005

« La liturgie de la nuit sainte de Pâques – après la bénédiction du cierge pascal – commence par une procession derrière la lumière et vers la lumière. Cette procession résume de façon symbolique tout le chemin catéchuménal et pénitentiel du Carême., mais évoque également le long chemin d’Israël dans le désert vers la terre promise et symbolise enfin le chemin de l’humanité qui, dans la nuit de l’histoire, recherche la lumière, recherche le paradis, recherche la véritable vie, la réconciliation entre les peuples, entre le ciel et la terre, la paix universelle…. »

Article de Dominique Lacroix, Revue Servir n°250