L’eau dans la liturgie

7 avril 2012: Cuve baptismale, lors de la Vigile pascale, égl. Saint Rémy de Luneray (76), France. April 7, 2012: Easter Vigil in Saint Rémy parish, Luneray (76), France.

7 avril 2012: Cuve baptismale, lors de la Vigile pascale, égl. Saint Rémy de Luneray (76), France.

Par Dominique Lacroix

Lorsque nous rentrons dans l’église nous faisons un petit geste qui paraît insignifiant, machinal. En fait, ce sont deux gestes en un :

  • Nous plongeons notre main dans l’eau.
  • Nous faisons le signe de la croix avec cette eau.

L’eau bénite rappelle l’eau de notre propre baptême qui a coulé sur notre front. Par le baptême, nous sommes entrés dans la famille des enfants de Dieu. Chaque fois que nous prenons de cette eau pour faire le signe de croix, nous rendons grâce au Père pour son don immense d’amour, nous lui demandons de nous garder dans le sacrement du baptême que nous avons reçu.

L’eau dans la Bible

Tout au long de la Bible, l’eau est très présente et elle prend plusieurs sens : en cherchant ces histoires dans la Bible où l’eau est importante, nous pouvons regarder ce que Dieu veut te dire. L’eau est un élément naturel indispensable pour l’homme. Dans le baptême, elle est le symbole de ce qui lave, qui purifie et qui donne la vie.

L’eau dans la liturgie

Dans la liturgie nous la retrouvons :

  • Quand le prêtre asperge l’assemblée comme à la veillée pascale
  • Quand le servant verse de l’eau sur les mains du prêtre au moment du lavabo
  • Quand le prêtre utilise le bénitier et le goupillon pour bénir des objets, comme les alliances des mariés.

Parole de bénédiction de l’eau :

Tu es béni, Seigneur tout-puissant, car tu nous as bénis dans le Christ,
Tu nous as recréés en lui, qui est l’eau vive de notre salut;
Accorde à ceux qui seront aspergés de cette eau de retrouver la jeunesse de l’âme par la puissance du Saint-Esprit et d’avancer sur le chemin de la vie nouvelle
Par Jésus le Christ, notre Seigneur, Amen

« Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout dans le temple de Jérusalem s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Jésus. En effet, l’Esprit Saint n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié par le Père ». (Jean 7,37-39)

L’eau est un élément majeur dans la liturgie. Elle est présentée à l’origine de la vie chrétienne au baptême. Nous la retrouvons donc naturellement en diverses circonstances de la vie liturgique chrétienne.

Au baptême

La prière de bénédiction de l’eau pour le baptême des petits enfants éclaire la place de cet élément dans l’histoire du Salut :

Dès les commencements du monde, c’est ton esprit qui planait sur les eaux…
Par les flots du déluge, tu annonçais le baptême qui fait renaître…
Aux enfants d’Abraham tu as fait passer la mer Rouge à pied sec…
Ton Fils bien-aimé baptisé par Jean, dans les eaux du Jourdain…

L’eau sur laquelle l’Esprit saint a été invoqué fait des petits enfants, créatures de Dieu, les enfants du Père.

A la veillée pascale

Chaque année, à la veillée pascale, l’Église est invitée à revivre les moments principaux de la liturgie baptismale : rassemblée, elle écoute la Parole de Dieu, elle professe sa foi en répondant aux trois questions posées par le prêtre, puis après la bénédiction de l’eau, elle en est aspergée tandis qu’elle chante : « J’ai vu l’eau vive, jaillissant du cœur du Christ, alléluia ; tous ceux qui lavent cette eau seront sauvés, alléluia ».

Les bénitiers

À l’entrée des églises, nous trouvons habituellement des bénitiers pour nous signer. Ce geste n’est pas toujours transmis aux jeunes générations. Il peut être utile de l’enseigner aux enfants. Ce sera pour eux une manière simple de se rappeler leur baptême, de se redire qu’ils sont enfants de Dieu pour toujours.

Les aspersions

Le Missel propose quatre formes de préparation pénitentielle. La dernière consiste en une prière de bénédiction de l’eau avec la mention qu’elle « fait vivre et purifie », puis d’une aspersion de l’assemblée par le prêtre comme à la veille pascale. Pendant ce temps les fidèles chantent un cantique pascal qui associe l’eau à la résurrection du Christ. Les aspersions peuvent aussi prendre place pour des bénédictions de la foule.

Le lavabo

C’est un moment de la messe où la fonction des servants les rapproche presque intimement du prêtre. Un ou plusieurs servants apportent burette ou aiguière, ainsi qu’un bassin et un manuterge. Ils sont à peu près les seuls à entendre la prière du prêtre : « Lave-moi de mes fautes, Seigneur, purifie-moi de mon péché » La PGMR (n° 52) dit que « le prêtre se lave les mains, rite qui symbolise le désir de purification intérieure ». Les prêtres ont conscience qu’ils ne sont pas dignes de célébrer l’eucharistie mais qu’ils ont ce désir d’être purifiés par le Seigneur.

Les bénédictions

Que les bénédictions aient lieu au cours d’une liturgie (le mariage par exemple) ou qu’elles soient l’objet d’une prière spécifique, elles peuvent être réalisées en utilisant de l’eau bénite. Par là, on marque les personnes ou les objets de l’eau comme symbole de vie et de présence de Dieu. Les bénédictions ne transforment pas les êtres ou les choses mais elles signifient pour les croyants que cela est en relation avec Dieu : on le prie d’accompagner de sa grâce les personnes qui utiliseront ces objets ou pour lesquelles on aura imploré la bénédiction.

L’eau et ses significations

Voici quelques sens que nous pouvons découvrir :

  • Une plongée dans la mort

Dans plusieurs textes bibliques (Rm 6,3-8; Col 2, 12) l’eau emprisonnée symbolise la puissance de la mort.

  • Une libération

Exode, sortie du tombeau, des eaux de la mort (Rom 6,13) … Le baptisé est ressuscité avec le Christ ( Col 2, 12), il vit avec lui d’une vie nouvelle, source de notre salut (1P 3,21). Le baptême est le véritable exode de l’esclavage à la liberté (1 Co 10,1-2).

  • Une purification

Le chrétien, avant le baptême est comme dans une situation de mort à cause du péché (Col 2,13).

  • Une incorporation

Le sens étymologique du mot « baptiser » est « plonger ». Ainsi, les baptisés sont plongés dans le Christ, incorporés dans le Christ (Gal 3, 27), dans le Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit (Mt 28,19). C’est une intégration à Dieu lui-même. Nous sommes les membres du Corps du Christ (Rm 12, 4 – 5)

Article de Dominique Lacroix, revue Servir n° 249

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Dominique Lacroix – L’eau dans la liturgie

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