Croix

L’instrument du supplice de Jésus est devenu le symbole de la Rédemption, signe parfait de l’amour de Dieu pour nous et de l’amour du Fils incarné pour le Père. Le rite de l’adoration de la Croix, au centre de la liturgie du Vendredi saint dans l’après-midi, donne bien le même ton de victoire que le récit de la Passion selon saint Jean : élevé de terre, le Christ attire tout à lui. La liturgie toute entière repose sur le Mystère de la Croix et de la Résurrection, aussi ne doit-on pas s’étonner devant l’omniprésence de la Croix et des croix dans les diverses célébrations liturgiques.

Il ne s’agit pas d’un quelconque dolorisme ecclésial, mais d’un regard pascal, fas­ciné par le réalisme de l’amour qui ne cesse de nous sauver. On trouve la Croix au sommet du clocher des églises et, à l’intérieur, bien en vue dans le sanctuaire. Les églises consacrées montrent en évidence leurs douze croix de consécration (voir Dédicace) ; cinq croix sont visibles aussi, sur les autels consacrés. Dans les pro­cessions, la Croix ouvre le cortège. Les vêtements liturgiques du prêtre sont souvent marqués par la croix, spécialement la chasuble.

Les évêques et les abbés portent sur leur poitrine une croix pectorale.

Les gestes liturgiques privilégient aussi la Croix. Le signe de croix inaugure les célébrations. Au moment de l’évangile, le prêtre fait un signe de croix sur l’évangéliaire, puis, imité par les fidèles, trois autres signes sur le front, les lèvres et le cœur, pour signifier l’influence que la Bonne Nouvelle centrée sur la Croix-Résurrection, doit avoir sur nos pensées, nos paroles et nos volontés.

Avant la consécration, le prêtre fait un signe de croix sur le pain, puis sur le vin, pour manifester que le renouvellement sacramentel du Mystère pascal est en dépendance de la Rédemption opérée à la Croix ; tous les signes de croix que fait le prêtre pour consacrer et bénir ont ce même sens : la bénédiction divine est liée à la Rédemption, dont la Croix est le signe permanent. La célébration du mystère de la Croix est donc coextensive à toute la liturgie. Néanmoins, elle est plus formelle le dimanche de la Passion et le Vendredi saint, comme aussi lors de la Fête de l’Exaltation de la sainte Croix, le 14 septembre.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

Tout le lexique :
  1. a
  2. b
  3. c
  4. d
  5. e
  6. f
  7. g
  8. h
  9. i
  10. j
  11. k
  12. l
  13. m
  14. n
  15. o
  16. p
  17. q
  18. r
  19. s
  20. t
  21. u
  22. v
  23. w
  24. x
  25. y
  26. z
  • Le Triduum Pascal #2 : le Vendredi saint

    Alors qu’à l’origine, l’Église célébrait l’ensemble du mystère pascal du Christ lors de la vigile pascale, le besoin s’est fait sentir de développer chacune des facettes de ce même mystère en autant de célébrations : repas pascal, passion et mort du Seigneur, silence du tombeau, résurrection (…)

  • Chemin de croix pour les premiers jours saints et le Vendredi Saint

    Depuis toujours les chrétiens célèbrent la mémoire de la passion et de la résurrection du Christ dans l’attente de sa venue définitive. Tout particulièrement, durant le temps du Carême, la méditation du Chemin de croix continue d’ancrer notre prière dans cet événement fondateur. Cet ancrage aide à rendre grâce et intercéder pour le salut du monde, en toutes circonstances.

  • Jeûne pascal et jeûne eucharistique

    L’Église catholique demande à chaque baptisé de jeûner le vendredi saint et traditionnellement le conseille aussi le samedi saint. On pourrait penser que ce jeûne ressemble aux autres jeûnes : démarche de pénitence, de purification et de conversion. Pourtant il ne se réduit pas à cela.

  • La réforme liturgique de la Vigile pascale et de la Semaine sainte sous Pie XII

    Un des fruits de la réforme liturgique entreprise par le pape Pie XII sera de célébrer avec plus de vérité le mystère du Salut du Christ grâce à la restauration de la Vigile pascale en 1951 puis de la totalité de la Semaine sainte en 1955.

  • Musique liturgique : l’emploi du répertoire historique pour les Rameaux et la Semaine sainte

    Peut-on utiliser le « trésor » musical de l’Eglise dans nos liturgies ? Comment ? A quelles conditions ? Que faire des motets, hymnes, psaumes hérités de plusieurs siècles par des compositeurs de grand talent, parfois au rang de chef d’œuvre ? Voici une proposition de répertoire historique pour le temps de la Passion : le Dimanche des Rameaux et la Semaine sainte.